Portrait : Catherine Cachot, biographe.

la bordelaise Catherine Cachot me raconte son métier de biographe.

CATHERINE CACHOT

La passeuse d’histoires

BORDEAUX

Catherine Cachot m’a contactée il y a quelques mois pour qu’elle puisse expliquer ici le métier peu connu qu’elle exerce depuis bientôt quatre ans. Cette professeure d’Histoire Géographie a écouté sa petite voix intérieure pendant le confinement de 2020 qui lui susurrait qu’il était grand temps d’aider les gens à raconter leur histoire et transmettre leurs souvenirs par écrit.

Elle m’a ouvert les portes de son échoppe dans le quartier Nansouty et m’a raconté par le menu (un comble pour cette toquée de cuisine!) les raisons pour lesquelles elle ne lâchera pas de sitôt son crayon quatre couleurs d’écrivain biographe.

Crédit photo 1 @lequatrecouleurs

La passion pour les ‘petites histoires’ dans la grande :

Catherine Cachot est née à Clermont-Ferrand. Enfant, elle voulait être médecin car c’est un métier utile. Quand elle a dix ans, ses parents s’installent dans l’Est à Vesoul où elle poursuit un parcours scolaire classique. Après le baccalauréat, elle intègre une classe préparatoire dans la région. N’ayant pas eu de concours à son issue, elle obtient une équivalence à la faculté. Comme sa matière préférée en prépa était l’histoire, elle choisit cette spécialité, parfaite selon elle car complète : elle pouvait étudier en plus le Français et l’Economie. Elle a validé l’équivalent de ce qu’on appelle aujourd’hui un Master Recherches. A l’époque, il fallait mener uniquement un projet de recherches et c’est lors de la présentation des différents sujets à étudier qu’une étincelle jaillit. Catherine choisit alors de suivre son coeur et enquête sur la grande et fascinante famille Hakkar issue de l’immigration algérienne. C’est lors de ses recherches et de la rédaction de son mémoire que l’ intérêt pour le métier de biographe a commencé :  

Une fois diplômée, c’est donc vers l’enseignement de l’Histoire et de la Géographie qu’elle se tourne. Entre-temps, elle quitte l’Est pour suivre son futur mari à Nantes qui y écrit une thèse d’océanographie. C’est finalement au Havre qu’ils s’installent et qu’elle commence sa carrière de professeur en ZEP. Ils y resteront une dizaine d’années, ils auront trois enfants puis passeront quelques temps aux Etats-Unis. C’est à Bordeaux que toute la famille atterrira ensuite et cela fait dix-sept ans que cela dure ! Elle enseigne aujourd’hui au collège Aliénor d’Aquitaine à deux pas de chez elle.
Elle me confie que ce qu’elle a toujours préféré dans le métier de professeur, c’est rencontrer les familles d’élèves et écouter leurs histoires. La fameuse petite étincelle de la fin de son parcours universitaire ne s’est jamais amenuisée, semble t’ il ! En effet, quand Catherine réfléchit bien, l’idée de devenir biographe ne sait jamais fait la malle. Enfant, elle adorait que les adultes lui racontent comment c’était quand ils étaient petits. Elle voyait ce que cela provoquait… cela lui paraissait tellement exotique ! Elle a toujours gardé cette fascination pour les histoires d’un monde qui n’existe plus.

A quel moment l’envie d’écrire sa propre histoire de famille surgit ? Comment cette envie et quels événements ont été les déclencheurs qui la feront sauter à pieds joints et de manière concrète dans le métier de biographe ?

Devenir biographe : du rêve à la réalité : 

Ni une ni deux, pas de place pour les regrets ! Catherine obtient un temps partiel pour formation et intègre, en Octobre 2020, celle d’ Aleph-Ecriture, école d’écriture et seul organisme qui valide une certification professionnelle. Trois jours par semaine tous les mois et demi dans l’établissement tout en travaillant en parallèle sur une biographie, tel était le programme. Au bout d’un an, en décembre 2021, Catherine soutient la certification. Elle explique les tenants et les aboutissants de cette formation et à quelles problématiques elle a été confrontée : 

Catherine n’a pas travaillé tout de suite mais elle a affûté ses crayons en aidant une amie qui essayait d’écrire son histoire pour ses enfants. Cette amie a été sa “personne test”. Catherine avait envie de lui offrir quelque chose qui compte. Les opportunités professionnelles se sont ensuite enchaînées assez rapidement.
Aujourd’hui, son organisation est un peu difficile car il faut qu’elle jongle avec le rythme en dents de scie d’une activité libérale. Elle me confie qu’elle parvient à mieux gérer la suractivité que le manque d’activité : l’année dernière, elle a dû faire face avec beaucoup de plaisir au rythme scolaire en plus de la rédaction de deux biographies. Un autre challenge de taille : cloisonner ses deux métiers.
Ce qui est salutaire dans le fait d’exercer ces deux activités, c’est qu’elles sont très différentes. L’une est plutôt solitaire et l’autre plus terre à terre avec des élèves de tous horizons dont des classes à horaires aménagés (option théâtre, arts plastiques, danse et musique), une classe UPE2A (élèves arrivant tout juste en France non scolarisés auparavant) et des classes avec des dizaines de nationalité différentes ayant des parcours cabossés pour certains. Garder cette réalité là au quotidien est important pour elle.

Elle arrive parfois à faire des croisements entre ses deux métiers avec ses élèves en créant des rencontres multi-générationnelles parce que “quand on se parle, quand on s’écoute, il se passe beaucoup de choses”. Elle se souvient de celle, improbable, qu’elle a organisée pour ses élèves de 3ème, option football, avec Boris Cyrulnik, éminent neuropsychiatre d’origine juive. Elle a également invité dans une de ses classes Beata Umubyeyi Mairesse, survivante du génocide rwandais, pour qu’elle témoigne de sa vie : 

Le métier de biographe concrètement, ça ressemble à quoi? :

Comment faire appel à Catherine ? Quelle est sa méthode et son processus de travail ? Quelles sont les étapes ? A quel type de demandes fait - elle face ? A quoi doit-elle être vigilante? Quel projet l’a plus marquée? A t’elle déjà dit non à quelqu’un? Elle nous explique tout : 

En moyenne, une biographie met entre quatre et six mois à voir le jour. Catherine peut mener plusieurs projets en même temps et au même rythme sans conflit d’intérêt. Des collègues de l’Association des Compagnons Biographes dont elle fait partie ne vivent que de ça et peuvent travailler sur six biographies en même temps en combinant une activité régulière comme des ateliers d’écriture dans des institutions ou en libéral ou encore en étant rédacteur pour des revues professionnelles, par exemple.

Une des choses que Catherine préfère dans cette activité :

Elle conclut en me disant qu’elle ne sait pas trop où cela va la mener. Quelque chose l’anime dont elle n’est absolument pas consciente et qui continue à la pousser.

Selon elle, la biographie est un levier fort qui gagne à être plus connu. C’est un outil de témoignage et de transmission très puissant. Elle aimerait bien que ce soit quelque chose de banalisé. Surtout qu’on peut en donner tellement de formes. Même si c’est juste un souvenir ! C’est une arme vertigineuse. 

Alors, cap de vous laissez toucher en plein coeur par sa plume, d’oser vous offrir ou offrir la plus belle des histoires ?

Le Quatre Couleurs Biographie
https://www.lequatrecouleurs.fr
Instagram : lequatrecouleurs.biographie

Portrait chinois

Quelle enfant étiez-vous?
Une enfant parfaite, bien coiffée et très très déterminée.

Quelles sont les valeurs importantes pour vous?
Ce qui compte, c’est l’attention aux autres. L’attention dans le sens de curiosité. Ce qui m’anime c’est la rencontre que je veux créer avec Lui ou avec Elle.

Ce que les gens ne savent pas sur vous ?
Je suis tellement transparente sur tout que je ne sais pas! 

Si vous étiez un animal ?
Un poisson, une petite crevette, un poulpe… tout ce qui va dans l’eau.

Votre devise ?
Je fais ce que je peux.

Endroits que vous préférez à Bordeaux?
- Nansouty, mon quartier.
- La Halle des Capucins.
- Tout Bordeaux Sud, en fait… à part le quartier de la gare.

L'objet qui ne vous quitte jamais?
Un carnet et des crayons.

Si vous deviez mourir demain, vous feriez quoi?
Un très bon repas.

Vos passions?
J’en ai beaucoup trop! La cuisine, les voyages, la musique, la littérature, les rencontres.

Les chansons et livres que vous aimez ?
- Prince, Prince et Prince!

- Mes livres doudou : ceux de Laurie Colwin, n’importe lequel des volumes des Rougon-Macquart surtout l’Assommoir,
J’aime beaucoup Judith Pérignon, Tonino Benacquista, Ivan Jablonka.

Les projets dont vous êtes la plus fière aujourd'hui?
-
D’être allée au bout de mon projet professionnel. De faire quelque chose de ce qui m’anime.
- Je suis fière de ma cuisine et de savoir faire plein de trucs avec mes mains.

Votre prochaine première fois?
Apprendre à faire un nouveau truc ou aller dans un endroit où je ne suis jamais allée.

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