“Va où la rivière te porte” de Shelley Read.

Coup de foudre visuel dès que je suis tombée sur la couverture de ce roman aux couleurs douces et oniriques et que j’ai lu le titre ! Une belle promesse qui m’a fait penser à “Là où chantent les écrevisses” de Delia Owens, même si les histoires des deux romans sont différentes.
Kya et Victoria, même combat ! Une lutte sans merci pour garder la tête hors de l’eau et continuer à avancer quoi qu’il en coûte, malgré le tourbillon infernal de la vie.

Va où la rivière te porte” se déroule aux confins de grands espaces du Colorado, à la fin des années quarante. Victoria Nash, dix-sept ans, vit au sein d’une famille composée uniquement d’hommes usés et frustes (son père, son frère et son oncle). Sérieuse, sage, corvéable à souhait, elle manie avec une poigne de fer leur foyer tout en mettant la main à la pâte dans le verger de pêches de son père qui fait leur réputation dans la région. Elle veille à ne surtout pas sortir du rang jusqu’au jour où elle croise le chemin de Wilson Moon, un jeune vagabond d’origine amérindienne. Et là, forcément c’est le drame ! Coup de foudre, passion débordante interdite et conventions au placard fermé à double tour, clé jetée au fond d’un puit introuvable. Évidemment, cela ne va pas plaire à tout le monde. Commence alors une succession d’événements tragiques pour Victoria qui devra les affronter seule et ne compter que sur elle-même pour s’épanouir.

Un roman initiatique rugueux et tragique que j’ai beaucoup aimé notamment pour son personnage de femme forte et courageuse, pour la place qu’y prend la nature aussi douce et cruelle qu’elle soit et pour certains passages lumineux et touchants.

“Les paysages de notre jeunesse nous façonnent, et nous les portons en nous, riches de ce qu’ils nous ont donné, nous ont volé et de ce que nous sommes devenus.” (p.12)

“En quittant la ferme ce matin-là, j’étais une petite fille ordinaire, un jour ordinaire. Si je n’étais pas encore capable d’identifier quelle nouvelle carte s’était dépliée en moi, je savais que je n’étais plus la même en rentrant à la maison. Je ressentais ce que devaient ressentir les explorateurs dont on nous parlait à l’école, lorsqu’ils apercevaient un rivage lointain et mystérieux dans une mer qu’ils croyaient sans fin. Devenue le Magellan de mon voyage intérieur, je m’interrogeais sur ce que je découvrais. La tête posée sur la large épaule de Wil, je me demandais d’où il venait, qui il avait quitté, et s’il arrivait à un vagabond de rester longtemps au même endroit.” (p. 32)

L’automne arrivant à grands pas, n’hésitez pas à ajouter ce roman à votre PAL. Il piquera certes votre sensibilité comme une bogue de châtaigne mais tamisera vos soirées à bien des moments. Encore un beau destin, loin des clichés. 

Va où la rivière te porte, Shelley Read, Pocket, 350 pages.

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